L’album de la maturité pour l’enfant terrible d’Institubes ?
Bobmo a grandi. C’est l’évident constat qui s’impose à la fin des dix titres de son deuxième album Communication, confirmant un virage plus contemplatif, initiatique et apaisé que son précédent album New Dawn (2014) – qui tournait définitivement la page de sa jeunesse – ou de ses premiers travaux chez Institubes qui font ni plus ni moins partie du manifeste de la turbulente adolescence de l’ « electro » française, période dorée du Social Club (2005-2010 environ) et des boutons d’acné.

Sur ce disque, on voit des choses changer, comme l’usage de son nom civil, Hugues Rey, signe de maturité et d’une volonté d’émancipation de ses premières influences ghetto house au profit de nouvelles davantage kautrock ou issues de la musique contemporaine : « C’est me donner l’impression de faire quelque chose de neuf et pas un truc que j’ai déjà fait 1 000 fois que je vais perfectionner encore et encore », nous confie-t-il. On y décèle également une sensibilité pour la musique ambient et analogique – qu’on ne lui connaissait pas et qui, il faut le dire, lui va comme un gant. Que ce soit sur « Transition », « Communication », « Infiniti » ou sur finalement l’ensemble du background de l’album, le travail des nappes scintillantes façon rayon laser sci-fi et des symphonies de bleeps empruntés au duo Global Communication (Mark Pritchard et Tom Middleton) est remarquable. « Ma musique sonne plus analogique et adulte qu’avant mais j’ai essayé de la rendre moderne et assez mutante pour qu’on ne puisse pas trop la dater. En fait, j’aimerais m’adresser autant aux jeunes qu’aux plus vieux qui sont parfois un peu bloqués. »
« L’idée de répétition, l’état de transe et de boucles infinies, ça fonctionnera toujours sur moi, avec ou sans kick. »
Un album club du jeune adulte Hugues Rey donc, « fait par un mec qui ne va plus en club » précise-t-il, amusé, mais qui ne met pour autant pas au placard la tête brulée qu’était Bobmo : « C’est important de ne pas oublier d’être ‘bête’ par moment. Enregistrer ses drums dans le rouge, jouer avec cette esthétique rétro-futuriste… C’est une façon de refuser de faire de la musique trop vieille ou trop lisse. » Et la house reste en effet la colonne vertébrale de Communication, bien qu’elle verse par endroit sur quelque chose de plus techno (l’acide « Fusebox »), lo-fi (la lancinante « Slow Down »), expérimentale (« Mass Control » et son côté « On The Run » de Pink Floyd assumé) ou presque electroclash (la métallique et The Hacker-esque « Crashed »). Alors Hugues, en a-t-on vraiment terminé avec les clubs ? « L’idée de répétition, l’état de transe et de boucles infinies, ça fonctionnera toujours sur moi, avec ou sans kick. Peut-être que je retournerai en club un de ces jours. »
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Hugues Rey – Communication
Format : album
Label : Back Office Records / New Dawn
Sortie : 7 avril 2017
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Écouter son mix
Pour compléter cette chronique, Hugues Rey offre un mix qui fait le tour des influences dont il s’est servi pour produire cet album Communication.
Un mix plutôt varié, allant de l’indus à l’ambient, du dernier Actress au dancehall d’Equiknoxx, dont j’ai adoré les albums. Des trucs plus vieux aussi, comme du Drexciya ou encore les ancêtres Harmonia, groupe électronique 70’s dont je suis assez fan. Je kiffe tous ces tracks suffisamment bizarres et particuliers pour ne pas appartenir à un genre précis. Il y a aussi des choses plus évidentes dans ce mix, comme ce classique italo disco « Spacer Woman » dont je ne me lasserai jamais de jouer.
Tracklist du mix
Harmonia – Veterano
Global Communication – 0:54
Nash The Slash – Womble
Steve Tang – Electric Current
Drexciya – Wave Jumper
Actress – X22RME
Hieroglyphics Being – Fingerprints Of The Gods
I:Cube – Makossa Suspens
Charlie – Spacer Woman
Ford Proco – Expansion Naranja feat. Coil
Equiknoxx – I Really Want To Write On Her Purple Wall
Don’t DJ – Gammellan
Anthony Child – Open Channeling
NOTS – Reactor (Mikey Remix)
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