La playlist d’Arandel : maligne est la techno

L’un des plus mystérieux projets techno français en 10 titres intelligents et inspirés

Ça fait huit ans maintenant et on ne sait toujours pas qui ni combien de mains pianotent sur les instruments exclusivement physiques du projet Arandel (comprendre instruments traditionnels ou machines analogiques ; pas de MIDI, pas de samples). On le sait français, on le sait inspiré par des artistes avant-gardistes comme le concret Pierre Henry, le philosophe Roland Barthes ou l’un des pères de la musique répétitive, Terry Riley (dont le premier disque d’Arandel, In D, renvoie directement à sa célèbre pièce In C), et c’est à peu près tout. Ah si ! on parle d’une techno organique et d’un classieux projet historiquement hébergé chez InFiné, le label fondé par Agoria et maison de Rone, Aufgang ou Francesco Tristano. Voilà encore des indices.

En huit ans, on compte désormais cinq albums studio, des mixtapes thématiques mais aucun maxis qui ne sont pas des EPs de remixes… Sauf un, Turbatrix, sorti là, courant avril sur un label confidentiel de Sheffield, Computer Club, qui abrite également les travaux de Neil Landstrumm, Maelstrom ou LA-4A.

Si ce maxi rajoute un aplat de finesse à la techno d’Arandel, ce qui risque de faire du bruit c’est la soirée parisienne qui arrive dans son sillage, « Plan B » à la Station le 9 juin prochain, qui fera s’affronter la techno fracassante de The Driver aka Manu Le Malin à celle des petits malins de Cabaret Contemporain, d’Arandel, de Renart (que vous connaissez déjà sur La Pieuvre) ou – très justement – de Terry Riley via les 13 musiciens de l’Ensemble Listen qui interpréteront In C.

Comme La Pieuvre est un petit animal curieux et un peu filou, on a voulu piéger Arandel avec une playlist commentée de dix titres, cherchant à faire fauter leurs mystérieux auteurs et révéler au monde leurs identités. Au lieu de ça, nous voilà simplement mais parfaitement équipés, et ça nous va très bien aussi.

La playlist d’Arandel

1. Acid Pauli – René (Roman Flügel remix) (Ouïe, 2018)
Petite beauté déglinguée, mélancolie hébétée et velouté de flûtes dissonantes.

2. Bartellow San Ground San – Shiroi Uma (SVS Records, 2017)
Kraut jam dans l’espace, mélopée rétro-futuriste pour robots bavards et amoureux.

3. Beatrice Dillon – Curl (Alien Jams, 2016)
Bossa nova modale, insectes du futur et emballement progressif de machines.

4. Computer Graphics – WTF (Long Version) (FUSELab, 2016)
La fête commence et elle est déjà hantée par des spectres de rythmes cassés, d’acidité et de fraternité chimique.

5. Pale Blue – One Last Thing (Captured Tracks, 2015)
L’improbable, fascinante et dangereuse liaison entre une ritournelle médiéviste et une ligne de basse housey de 1992.

6. U – The Kids Will Take Care of Themselves (Phantasy Sound, 2014)
House sombre et sale, tâches analogiques et empreintes de cambouis pluvieuses et indélébiles.

7. Moiré – Lines + Colours (Spectral Sounds, 2016)
Obsessionnel et vilain, toujours à l’extrême limite de l’acide, garanti break-free et drop interdit.

8. Perel – Si (DFA, 2018)
Evocation fantomatique et amusée du raga sur un disco beat, scandaleusement trop courte.

9. Suokas – Ruva (PRAH, 2016)
Techno organique pour anches soufflantes, cordes frottées et pianos préparés.

10. Keith Fullerton Whitman – Stereo Music for Acoustic Guitar, Buchla Music Box 100, Hewlett Packard Model 236, Oscillator, Electric Guitar and Computer – Part Two (Kranky, 2005)
Tout est dans le titre.

Retrouvez Arandel à La Station (Paris) le 9 juin 2018

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