Le troubadour français des musiques électroniques va vous raconter « le voyage d’un chevalier en automobile qui écoute du R&B psychédélique à la radio ». Chronique et revisionnage de notre rencontre avec l’OVNI français dans le talk-show de La Pieuvre sur Rinse France.
Flavien Berger est de ces artistes qui aiment mettre du sens dans leurs compositions. Un morceau n’est pas uniquement la transcription d’une émotion à un moment, il est aussi une arme par son propos et, dans un ensemble, les traits qui composent un tableau, abstrait et magnifique dans le cas de ce deuxième album Contre-Temps. Plus encore que son précédent et plébiscité Leviathan de 2015, le membre du collectif français d’expérimentations sonores ~Sin compose ici la bande-son d’un film fictif qui se déroulerait à l’envers avec, en creux, une histoire d’amour qui ne veut se résoudre à s’éteindre, « le voyage d’un chevalier en automobile qui écoute du R&B psychédélique à la radio ». Le clip de la tendre ballade électronique « Brutalisme » devrait vous éclairer.
Mais enlevez les images, enlevez le voyage, enlevez tout ce qui fait l’intelligence et la beauté de ce disque et vous vous retrouvez tout de même avec de la chanson française moderne et audacieuse, à la sérieuse qualité d’écriture, et où l’hypnose et la pop cohabitent pour mieux hanter nos nuits bleues autant que les ondes radio. Assurément l’un de ses plus narratifs et meilleurs travaux – allez, disons-le, son meilleur à ce jour.
Chronique originellement parue sur Qobuz
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Flavien Berger était l’invité de La Pieuvre dans son talk-show sur Rinse France
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Portrait
Flavien, je dois te le dire, avec moi tu étais très mal parti. S’il y avait bien une chose que je détestais en musique à l’époque, c’était les chanteurs français, la chanson française. Autour de 2006 au lycée, quand pour la première fois j’ai eu la présence d’esprit de me dire « allez, je vais me forcer un peu pour voir », voilà que les BB Brunes débarquent. T’imagines la déception. J’ai préféré me rabattre sur Justice, même si à cette époque là, ça ne me donnait pas vraiment la côte auprès des meufs. Puis nouvelle éclosion de curiosité autour de 2010. Bim, Fauve. Bon ok c’est mort les gars, désolé mais vous ne m’aurez pas sur ce coup-là, je vais retourner à la table des grands moi. Il a fallu attendre 2015 et ton premier album Léviathan pour qu’un de mes potes ose revenir me parler d’un mec qui chantait en français mais que ça, ça me plairait, c’était sûr, parce qu’il le mélangeait avec de la musique électronique progressive et psychédélique. Enfin des mots que j’aime. Bon, tu imagines la suite, c’est la claque. Je le cris partout : « Flavien Berger est le mec qui m’a réconcilié avec la chanson française. »
Puis je vais te voir en live. Rebaffe. Je vois un petit bonhomme sur scène avec plein d’humilité qui sait parfaitement ce qu’il fait, ou en tout cas on dirait, et qui contrôle la foule non seulement avec ses machines mais aussi avec ses petites interludes rigolotes et ses manières un peu farfelues de jouer de ses instruments. Je me dis que ce type a tout compris et je ne suis pas le seul à le penser, déjà on t’estampille de la mention « nouvelle pop française » et je me dis que c’est une très bonne nouvelle pour ceux qui ne connaissaient pas bien la musique électronique. Trois ans plus tard, te revoilà avec le toujours très attendu deuxième album et tu transformes l’essai : plus doux, plus sentimental, mais tout aussi personnel que le premier ; plus pop mais sans te travestir – tu n’oublies pas tes racines électro… Non vraiment, tout parfait, avec Contre-Temps tu passes du bien au excellent, de l’impressionnant au grand, et du beau au sublime.

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