Vendredi 19 juillet, le phare de la nuit parisienne Concrete amorcera son long week-end de fermeture avec une fête de 50 heures et pas moins de 50 artistes. Avant de peut-être tout recommencer avec Dehors Brut, la nouvelle proposition de l’équipe. Un événement à la hauteur de ses huit ans d’existence et de ses accomplissements.
Comment une bande de jeunes fêtards a réussi à créer l’un des clubs électroniques les plus influents du monde ? À faire de Paris l’un des passages obligés des meilleurs DJs de la planète ? À redynamiser sa vie nocturne qui « mourrait en silence » ? À devenir le porte-étendard d’une solide scène électronique française ? À être le premier refuge de toute une génération qui refuse d’aller se coucher ? L’héritage de Concrete en France est immense et on le doit à une poignée de personnes, dont Brice Coudert, son directeur artistique, pilier de l’une des aventures françaises les plus excitantes de cette dernière décennie. Lors d’un long entretien, nous avons fait ensemble le bilan de ces huit années d’activisme de la fête, refait les matchs clés, remémorés les bons et les mauvais souvenirs ainsi que récupéré quelques bons conseils si l’envie nous prenait de monter l’un des meilleurs clubs du monde.
Article original publié sur i-D le 23/07/19
Toutes les photos sont de Julia Lemaire
Monter un club, ça commence par trouver un lieu. Comment avez-vous trouvé cette barge ?
En 2011, avec Pete, Aurélien et TJ on avait ce projet de soirées itinérantes Twsted. Un jour que je sortais de la Sunday sur le quai de la Rapée dans le 12ème, je cherchais sûrement un coin pour pisser quand je suis tombé sur la barge de Concrete, flambant neuve. J’ai retrouvé les propriétaires qui m’ont fait visiter. Ils n’avaient pas la licence de nuit, c’est-à-dire qu’à 2h du matin il fallait fermer. Mais j’ai demandé : « Si on ouvre à 7h du matin et qu’on ferme à 2h du matin, ça va ? » (rire) Ils m’ont répondu : « Oui, mais c’est pour quoi faire ? C’est une rave votre truc ? » J’ai dit : « Non, non, c’est un truc à la cool avec des groupes disco. » En fait, la première sur le bateau c’était Matt John, San Proper, Dario Zenker, Grego G… Et on l’a pulvérisée, c’était un énorme succès. La barge était assez grande pour contenir tout le public local qui aimait ce genre de son et à qui personne n’avait encore jamais offert une soirée de cette envergure. Pour la suivante, histoire de respecter le principe de nos teufs itinérantes, on a trouvé un parking dans le 15e. Coup du sort, les mecs découvrent dans le sol un squelette qui datait du Moyen-Âge. Le truc improbable. Comme on n’avait rien d’autre, on est retourné sur le bateau. Et puis jamais deux sans trois. Après cette troisième, on s’est dit qu’on était trop con de vouloir lâcher ce plan. Donc le principe des soirées Twsted, on garde, mais le bateau, on en fait un club. Si Twsted reflétait un délire plutôt cotillon, farfelu, éphémère, le mot « Concrete » contenait l’idée d’un truc solide, qui dure dans le temps. Et puis on trouvait aussi que le bateau ressemblait à une grosse brique de béton, et le béton c’est bien, ça fait sérieux !
« C’est une rave votre truc ? » J’ai dit : « Non, non, c’est un truc à la cool avec des groupes disco. »
Comment expliques-tu ce succès ?
Au début, comme il n’y avait rien dedans, ça faisait très industriel, très warehouse, très berlinois ou anglais, donc différent de ce qui se faisait à Paris à cette époque où Berlin n’avait pas la hype qu’on lui connaît aujourd’hui et où la culture club se passait surtout dans les « boîtes de nuit ». Les gens voulaient autre chose, ils en avaient marre de ce vieux modèle de clubbing 00h-6h où à peine tu commences à t’amuser que ça ferme, des sets d’une heure et demi… Nous, on est arrivés en leur proposant des longs formats en journée, avec des sets de quatre heures d’artistes qu’ils ne connaissaient pas ou dont ils écoutaient la musique mais qui n’étaient jamais venus à Paris. Et puis, nous, des mecs en qui le public a pu s’identifier, une bande de jeunes, des shlags qui faisaient la teuf partout et pas des mafieux de 50 ans. Avant de le faire, je ne pensais pas non plus que c’était possible pour des jeunes comme nous de monter un club à Paris.
Quand le club a commencé à sérieusement marcher, avez-vous à un moment été intimidés par d’autres acteurs de la nuit déjà en place ?
Personne ne l’a fait ouvertement. On s’est pris des bâtons dans les roues, c’est sûr, et on ne saura jamais par qui. Ce qui est normal parce qu’on a pris une bonne part du marché d’un coup. Je pense aussi que ce qui a dérangé, ce n’est pas seulement qu’on prenne le public, c’est qu’on change le game. Une certaine formule marchait et on a imposé notre vision des choses. Un an après nous, Concrete a fait des petits et on a pu voir plein de nouvelles teufs dans un bon délire qui ont « has-beenifié » certains clubs. Mais non, on n’a jamais reçu de menace. Et puis de toute façon on sait se défendre (rire) !
Aujourd’hui, c’est l’heure du bilan. Quels ont été les moments les plus forts de l’aventure Concrete, ces moments qui vous resteront et qui ont contribué à faire du club ce qu’il est devenu ?
1/ 30 octobre 2011 : l’opening de Concrete
Forcément. Pendant nos premières soirées Twsted sur le bateau, la terrasse était l’endroit le plus populaire. C’était le feu, on envoyait le son à fond, on s’en foutait. Puis Twsted est devenu Concrete, c’était l’hiver et on nous a interdit de mettre le son en extérieur. On a eu peur que les gens ne suivent pas dans la main room. En fait, c’était encore mieux parce que tout le monde s’est rassemblé sur un seul et même dancefloor. À la fin de la journée, tout le monde se connaissait et il y a même eu des couples qui se sont mariés après s’être rencontrés là-bas et qui ont carrément booké pour leur mariage certains des DJs qui y jouaient. C’était dingue.
2/ Février 2012 : la techno arrive pour la première fois à Concrete
Quand j’ai commencé avec Concrete, c’était la house qui m’intéressait. Puis j’ai vu Ben Klock et Marcel Dettmann à l’Amsterdam Dance Event et j’ai senti qu’il fallait que je ramène cette énergie à Paris. J’ai booké Marcel Dettmann, Cosmin TRG, DJ Deep et face à la ferveur du public pour la techno, j’ai compris que dorénavant je ne pouvais plus lui proposer autre chose. Ça a été un tournant. Peu de temps après, la techno à Paris explosait, elle a bouffé tout le reste et on nous a même catalogués comme un club techno alors qu’on ne faisait pas que ça.
3/ Janvier 2013 : la création du label Concrete Music
C’était quelque chose qu’on imaginait faire avant même la première teuf, l’un de nos buts, devenir une référence en matière de scène française. On a signé S3A, Behzad & Amarou ou Cabanne sur des compilations puis l’un des premiers maxis d’Antigone. Les disques ont cartonné et ça nous a permis d’ajouter une corde à notre arc.
4/ Mai 2013 : la première édition du festival Weather
On avait fait une sorte d’édition test à la Sira (ancienne imprimerie industrielle d’Asnières, ndlr) qui s’appelait Weather et qui avait réuni 3500 personnes. Avec le double, on savait qu’on faisait un vrai festival. « Banco ». Pendant sa préparation, je réalise que de gros artistes style Nina Kraviz ou Robert Hood veulent y jouer, parce qu’ils connaissaient Concrete et que Weather allait être le premier gros festival parisien dédié à la musique électronique. Moi, j’hallucine. Bilan, 16 000 personnes. Putain, on a ramené 16 000 personnes pour écouter ensemble de la musique underground. Là, j’ai pris conscience qu’on avait créé une scène et qu’on avait une certaine responsabilité vis-à-vis d’elle, qu’on avait dorénavant beaucoup de monde derrière nous et qu’il ne fallait pas les emmener sur une mauvaise route.
5/ Septembre 2013 : Concrete devient un « vrai » club
Grâce à ce premier Weather – qui est le seul Weather où s’est fait de l’argent – on a pu se construire un club digne de ce nom : un vrai DJ booth, un système audio Funktion-One, des lumières qui défoncent… Tu vois, ce DJ booth, bien avant que je commence à organiser quoi que ce soit, je l’imaginais déjà au milieu du dancefloor où les gens pourraient danser tout autour. J’étais môme, comme ça dans mon lit en train de l’imaginer et je revenais à moi en me disant : « Mais arrête, d’où toi tu vas ouvrir un club à Paris un jour ? Tu délires. » Et bien on l’a fait ce DJ booth et quand les premières personnes ont commencé à danser autour, pour moi, c’était un rêve qui se réalisait.
6/ Janvier 2014 : Concrete obtient enfin la licence de nuit
Jusque-là, il faut se souvenir que nos teufs se passaient en journée parce qu’on n’avait pas la licence de nuit. Puis la voilà enfin, après deux ans, ce qui nous a permis d’ouvrir entre 20h et 7h du matin comme un vrai club. Mais c’est surtout à la programmation que les choses ont changées parce que je me suis retrouvé avec deux line-up à faire par semaine. C’était beaucoup de boulot mais aussi une possibilité de véritablement m’exprimer, d’ouvrir davantage le champ artistique et de donner plus de visibilité aux artistes locaux.
7/ Juillet 2015 : l’ouverture du Woodfloor
Avant le Woodfloor, il n’y avait pas de musique sur la terrasse. Cette année, on a fait des études d’impact pour être en accord avec la loi et tout d’un coup c’était comme si on avait un nouveau club. Avec la main room, je mettais déjà pas mal d’artistes français en avant et j’ai vite réalisé qu’avec le Woodfloor je pouvais leur donner encore plus de visibilité. Je le voyais comme un tremplin pour les petits jeunes français.
8/ Juillet 2015 : Richie Hawtin demande à jouer à Concrete
Au même moment, j’ai reçu un mail de l’agent de Richie Hawtin. Il lui restait une seule date dans l’année et il avait demandé à ce qu’elle se passe à Concrete. Moi je n’en avais évidemment pas les moyens mais il m’a proposé de lui rembourser ses frais, les artistes émergeants qui l’accompagnaient et il jouerait gratuitement. Ça m’a fait comprendre le poids qu’on avait pris dans le milieu et là, tu te poses la question : « Vu qu’à présent je peux booker les plus gros artistes électroniques du monde, pourquoi pas ne faire plus que ça ? ». En fin de compte, j’ai choisi de faire un mix entre grosses figures et artistes underground, parce que je ne fais pas ce métier pour ça. Bien sûr, il arrive que tu sois obligé de booker des artistes plus populaires, mais je m’impose une règle quand c’est comme ça : à chaque compromis que je fais, je fais un choix couillu derrière. Du style que les gens ne vont pas kiffer du tout mais tu t’en fous (rire) !
9/ Octobre 2016 : l’obtention de la « licence 24 heures » et le premier « samedimanche » (ou presque)
Notre premier samedimanche… quand ça ne s’appelait pas samedimanche et qu’on n’avait pas le droit de faire samedimanche (rire) ! On l’a fait en loucedé parce qu’on était censé recevoir la licence 24 heures mais elle n’était toujours pas arrivée. Nous, on avait déjà tout prévu alors on s’est dit : « Balek, on le fait ». Pour la première fois en France, 5000 personnes faisaient le tour du cadran dans un club. C’était quasiment un festival. On a tout de même fait sortir les gens à 7h du matin pour les faire rentrer à nouveau dix minutes plus tard, histoire de rester dans la légalité, et nous l’avons fait qu’une seule fois, mais le fait de ne pas être obligé de fermer les portes quand les gens sont encore bouillants aux premières lueurs du jour, de danser avec le soleil qui se lève… Moi, c’est mon moment préféré et j’ai toujours été frustré de ne pas pouvoir l’offrir.
C’est fou parce que dès le début je me faisais le scénario de l’aventure Concrete. Je voyais les objectifs : la licence de nuit, l’ouverture du club chaque week-end et pas seulement une fois par mois, le label, le DJ booth, le festival, réussir à fédérer la scène française… Mais la réalité de Concrete a supplanté tout ce que j’imaginais.
Justement, qu’est-ce qu’on se dit quand on réalise que son club compte parmi les plus influents du monde ?
Ah ! c’est le moment Fréquence Star (rire) ! Moi je suis un mec du ghetto, j’ai grandi à Garges-lès-Gonesse, ambiance cité, double culture avec mère musulmane, sœur handicapée, les huissiers à la maison, le gros bordel. Et je me suis retrouvé à faire de la programmation musicale, le métier que j’aime le plus au monde, à l’intérieur d’un projet à la portée internationale : c’est complètement fou.
Ça ne t’a jamais mis la pression ?
Non, ça va. Ça va parce que je n’ai pas fait ça pour qu’on soit les plus connus, j’ai fait ça pour qu’on propose le meilleur. Mon seul objectif a toujours été de faire des programmations de qualité. À aucun moment je me suis dit qu’il fallait que je change de route dans mes choix musicaux, je faisais rarement de concessions et le club était quand même plein. C’était la folie. Même aujourd’hui, regarde, on ferme Concrete, on rebondit et c’est quand même la folie. Pas une seule seconde je n’avais imaginé un truc pareil.
Quelles ont été les grosses difficultés et comment les avez-vous surmontées ?
À un moment, notre réputation en a pris un coup à cause de problèmes liés à notre service de sécurité, trop dur avec les gens. Malheureusement, on ne s’en est pas rendu compte immédiatement, on avait la tête dans le guidon avec Concrete et tous les Weather à gérer. Résultat, une partie de notre public nous a boudé. Donc on a géré ce problème très simplement : on les a tous tej. Ce changement est tombé en même temps qu’on a obtenu la licence 24 heures. D’un coup, il y a eu un vent incroyable dans le club, plein de gens qui ne venaient plus sont revenus. Il faut comprendre qu’en 2011, monter un club de musiques électroniques à Paris alors que tu pars de rien, c’est une succession de batailles. Chez nous, c’est surtout le président de Surprize (la société qui possède Concrete, ndlr), Aurélien Dubois, qui les menait. S’il n’avait pas été là, rien n’aurait été possible. Le plus beau, c’est que ces combats qu’il a remportés, d’autres acteurs de la scène française ont pu en bénéficier aussi, comme par exemple la reconnaissance du statut de DJ en tant qu’artiste.
« Je pense aussi que ce qui a dérangé, ce n’est pas seulement qu’on prenne le public, c’est qu’on change le game. »
L’implication d’Aurélien au Conseil de la Nuit de la ville de Paris explique-t-elle en partie la longévité du club ?
Pas que. En réalité, ce sont toutes ses actions qui expliquent cette longévité.
Je te pose cette question parce que j’ai pu entendre par le passé certains collectifs qui vous taxaient de « vendus », du fait de votre réciprocité avec des personnalités politiques comme Jack Lang ou Claude Bartolone qui s’était notamment rendu au Weather Festival en 2015.
Ça c’est un réflexe de jeune rebelle. Nous, on n’est pas des rebelles, on veut juste que les choses se fassent. Et pour ça, il faut parler avec les politiques. Ça ne veut pas dire qu’il faut qu’on se mette à genoux, ça veut dire qu’il faut leur expliquer ce qu’on fait. C’est le gros du travail d’Aurélien : vulgariser nos actions et leur faire réaliser l’impact positif qu’elles peuvent avoir.
Quels sont les conseils que tu donnerais à quelqu’un qui veut monter son club, les trucs à faire et à ne pas faire ?
1/ Rester ouvert d’esprit
La phrase « c’est pas ma came » est à bannir. Être programmateur de club, ce n’est pas défendre ta propre vision de la musique en bookant tes artistes préférés, c’est proposer un spectre aussi large que les goûts de ton public et du public que tu vises. Ce qui passe forcément par élargir tes propres connaissances : il faut tout écouter, tous les genres, même les trucs que tu n’aimes pas trop de prime abord, puis comprendre pourquoi le public les aime. Il faut se forcer à être curieux, à aller plus loin que ce qui te rebute… sans se trahir non plus. Avoir des points de référence peut aider, moi j’ai plein de gens dont je respecte l’avis qui vont m’aider à m’orienter dans ce nouvel univers que je ne connais pas encore.
2/ Faire régulièrement la fête de son club
Et la faire vraiment. Pas du style t’es dans les backstages et tu fais du social, non, tu vas danser sur le dancefloor et tu te bourres la gueule si tu veux. C’est le seul moyen de prendre le pouls de la teuf, de voir ce qui marche ou pas, ce qu’il faut améliorer, de rencontrer ton public… Je ne te dis pas de la faire tous les week-ends ! Moi, par exemple, je fais souvent les « opening » pour écouter les jeunes artistes et une fois par mois je me fais la totale. Parfois deux. Il faut aimer la teuf et la pratiquer.
3/ Bouffer de la musique
Beaucoup, beaucoup de musique. Il faut avoir une vision. Pour avoir une vision, il faut avoir des goûts musicaux sûrs, aiguisés. C’est là que tu peux voir la différence entre les bons promoteurs et les moins bons. Certains ont diggué, d’autres pas assez et ça se ressent sur les programmations quand on survole un genre.
4/ Communiquer de façon cohérente avec qui vous êtes
Une autre chose qui a participé au succès de Concrete, c’est qu’en 2011 on a joué le game de Facebook comme personne. À l’époque, le ton des promoteurs sur les événements Facebook était toujours informatif. Nous, on faisait des blagues, on postait des sons… Les gens ont vite compris que derrière, ce n’était pas du marketing mais des vrais types qui s’éclataient.
5/ Tous les avis comptent, même les mauvais
Les potes, c’est bien. Mais il faut faire attention à ce qu’ils ne soient pas ta seule source de retours sur ton club. L’expérience des potes n’est pas l’expérience de tout un public et souvent l’avis d’un mec que tu ne connais pas t’apportera plus que celui d’un mec que tu connais. Pour ça, il faut aller le chercher cet avis, donc ça se passe sur Internet : je suis dans des groupes communautaires Facebook, je lis les commentaires sur nos réseaux sociaux, même ceux des haters auxquels il faut savoir répondre quand ils ont tort ou écouter quand ils ont raison ; ça se passe aussi dans le club où tu vas pouvoir échanger directement avec ton public. C’est également important d’avoir des opinions et de savoir les défendre, montrer que l’équipe est habitée par le projet et qu’elle y croit dur comme fer, que vous êtes les meilleurs.
6/ Attention au copinage
Le truc dangereux dans le métier de directeur artistique, c’est de booker tes copains pour la seule raison que ce sont tes copains. Et c’est dur parce que des copains artistes, tu t’en fais vite quand t’es programmateur ! Mais il faut toujours te baser sur la musique que l’artiste fait et pas sur le rapport que tu entretiens avec lui. Il faut savoir lui dire non quand sa proposition artistique n’est plus pertinente à tes yeux. C’est chaud de dire non à un pote. Avant je passais par des subterfuges chelou mais aujourd’hui j’ai compris : je dis la vérité, que ce n’est pas mon délire, pas ce que je veux proposer en ce moment… Il comprendra.
7/ Ne pas devenir un vieux con
Le meilleur moyen pour aller nulle part c’est de penser que ce que tu écoutes est forcément mieux que ce que les jeunes écoutent. Il faut se tourner vers la jeunesse, aussi bien en termes de public qu’en termes d’artistes. De toute façon, les jeunes ont toujours raison parce que c’est eux l’avenir, plus que nous, et parce qu’à la fin, toi, tu ne parleras plus (rire) !
« Et puis, nous, des mecs en qui le public a pu s’identifier, une bande de jeunes, des shlags qui faisaient la teuf partout et pas des mafieux de 50 ans. Avant de le faire, je ne pensais pas non plus que c’était possible pour des jeunes comme nous de monter un club à Paris. »
Est-ce que la programmation de Concrete et l’image « underground » qu’elle peut renvoyer pour certaines personnes moins connaisseuses de ce milieu, pourraient en partie expliquer la fermeture du club aujourd’hui ?
Pas du tout. Je pense même que si on a duré aussi longtemps, c’est parce qu’on était underground. Si on ne l’avait pas été, on n’aurait été qu’une boîte de nuit de plus. Même les politiques étaient contents de pouvoir dire qu’ils avaient un lieu alternatif dans le 12ème.
C’est quoi la suite pour Concrete ?
On a annoncé notre nouveau projet intermédiaire Dehors Brut ! Ça nous laissera du temps pour construire un nouveau club ou pas, un Concrete 2 ou pas, on ne sait pas encore et on veut se laisser le temps d’y réfléchir, de tomber amoureux d’un lieu, dans Paris ou en banlieue très proche. Vous verrez bien !
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